Un héritage métissé

La culture traditionnelle montenegrine s'articule autour de clans et groupes patrilinéaires dont les familles maintiennent leur identité tribale sur leurs terres d'origine. L'intégration à la Yougoslavie et l'instauration de l'éducation publique a mis fin à l'autonomie des clans, mais ceux-ci jouent toujours une importante part de la vie sociale du pays: on retrouve encore quelques traditions de népotisme clanique dans certaines institutions ou localités. Chez les Grblji [Gerbli], entre Tivat et Budva, on ne peut venir y habiter si toute la communauté serbe réunie en assemblée, comme à l'époque des Assemblées de tribus, ne donne son accord. Certains oubliant vite que les vertus traditionnelles des clans en guerre contre les Ottomans étaient le courage et l'honnêteté...

Le Monténégro a subi l'influence de la culture méditerranéenne ainsi que celle de l'Europe centrale et orientale. La culture et le style de vie de tous les groupes ethniques du Monténégro sont présentés dans les musées du pays à travers plus de 12000 artefacts. Les Montenegrins ont accumulé un héritage historique et culturel d'une richesse énorme. La côte Adriatique est particulièrement connue pour ses nombreux monuments comme la cathédrale de St-Tryphon, la basilique de St-Luc, Notre Dame du Rocher, le monastère de Savina, etc. L'influence byzantine en architecture et en peinture est spécialement présente dans le Monténégro continental: les monastères médiévaux orthodoxes serbes sont réputés pour la richesse de leurs fresques.

Malgré une petite population, le Monténégro a développé un large éventail d'institutions culturelles incluant théâtres, galeries d'art, musées et bibliothèques auxquels il faudrait ajouter les parcs nationaux de Durmitor, Biogradska Gora et Lovcen.

Du "Royaume des Slaves" au roi poète

Le plus ancien ouvrage écrit dans la région remonte au XIIe siècle: c'est le fameux "Royaume des Slaves" écrit par un prêtre bénédictin anonyme. Ce livre est connu également sous le nom de "Regnum Scavorum" et est parfois appelé "La Chronique du père Dioclée". Un autre monument de la littérature montenegrine est "l'Evangile de Miroslav". Ecrit au XIIe siècle, celui-ci est enluminé d'exquises miniatures caractéristiques de la peinture zetienne. De nombreux manuscrits datant du XIIIe siècle sont encore conservés dans les monastères montenegrins.

Le premier livre imprimé remonte au 15e siècle, une presse fonctionnait déjà à Cetinje en 1494. L'Oktoih (photo), le premier livre slave, écrit en cyrillique, l'atteste. L'imprimerie de Cetinje, offerte par Venise, fut la première de la région et eut une considérable influence sur l'expansion de la culture dans la région. 39 ans après l'invention de Gutenberg, la capitale du Monténégro de l'époque, un camp militaire ne comprenant qu'une maison en pierre, s'offrit le luxe d'une imprimerie pour contrer l'influence turc. Cetinje est toujours la capitale culturelle et artistique du Monténégro tandis que Pogdorica fait plutôt figure de centre administratif.

Après la chute des Crnojevic, et jusqu'en 1745 (année de la publication de "l'Histoire du Monténégro" de Vasilije Petrovic), les activités littéraires furent réduites à la retranscription de vieux manuscrits. Il faut donc attendre l'œuvre de Vasilije Petrovic pour que la production littéraire originale redémarre.

A la même époque que "l'Histoire du Monténégro", un mémorandum anonyme désapprouve la dynastie des Petrovic, plaide pour le remplacement de la théocratie par un gouvernement civil et met la construction d'écoles pour la jeunesse montenegrine en avant.

A la fin du XVIIIe siècle, Petar I Petrovic Njegos continue l'activité historienne des auteurs du passé: il écrivit L'Histoire du Monténégro, inachevée et publiée seulement en 1835 dans "Grlica", la première publication scientifique du Monténégro (1853). Petar écrivit également de nombreuses poésies qui avaient pour but l'union des tribus et clans dans un noyau étatique montenegrin. Ainsi cette union fraternelle aurait pu mieux résister aux incursions des forces ottomanes. Durant les dernières années du règnes de Petar I, Simo Milutinovic Sarajlija travailla au Monténégro sur ses meilleurs drames et tragédies tels "Obilic" ou "Dika Crnogorska". Il composa des chansons traditionnelles, "Pjevanja Crngororska i Hercegovacka", et eu une influence considérable sur le plus grand poète montenegrin: Njegos (photo). Les plus fameux écrits incluent "Le Rayon du Microcosme", "Le Faux Tsar Stéphane le petit", "L'Hermite de Cetinje" et la fameuse "Couronne des Montagnes" qui est un symbole de résistance et de lutte montenegrine ou la foi serbe et orthodoxe est exaltée sur chaque page. Il est rare de trouver un Montenegrin qui ne connaisse un passage de ce monument de la littérature. Mais il faut aussi savoir repérer l'un ou l'autre exemplaire détourné car, tout au long du XXe siècle, des groupes de pression révisionnistes expurgent la "Couronne" de ses vers pro-serbes pour essayer de faire croire que les Montenegrins ne sont pas des Serbes et pour éradiquer la culture serbe du Monténégro.

Après une courte pause (1851-1860) ,causée par la défense désespérée du Monténégro contre les Turcs, l'activité littéraire reprit de plus belle sous la houlette du Prince Nicolas Ier Petrovic (le dernier roi du Monténégro indépendant) qui fut un auteur prolifique. Ces écrits inspirèrent de nombreuses chansons traditionnelles tels "Onamo 'namo" (qui est considérée par un très grand nombre de Serbes comme une hymne) mais il travailla également sur des drames. Nicolas Ier fut le grand mécène de la culture dans son pays et favorisa également les auteurs étrangers.

La poésie montenegrine évolua vers la fin du XIXe siècle grâce à l'influence de Maksim Sobajic et de ses chansons en décasyllabes: ("La revanche du Kosovo", "Héros immortel") et influença le travail de Simo Popovic qui lança le premier journal du pays: "Crnogorac". Le journal "Glas Crnogoraca", qui est édité par des associations orthodoxes serbes du Monténégro, existe depuis 1873.

Les poèmes épiques inspirés de la tradition narrative ont été agrémenté par le travail de Jovan Sundecic ("La chanson sur Grahovo" alias "Nikola Musulin", "Herojida",...). La littérature est encore au XXe très inspirée par l'Histoire: poèmes lyriques remplis de patriotisme (Jovan Lipovac, Nikola Periodic), descriptions de la vie de Njegos ("Mémoires" de Savo M. Martinobiv). Certains textes sont très intéressants d'un point de vue ethnographique, car ils fourbissent d'anecdotes sur la vie patriarcale tels "les Coutumes d'Arnanas" ou "La Tribu Kuci" de Marko Miljanov.

Des périodiques au virtuel

Vers la fin du XIXe siècle, Simo Matavulj devint l'auteur le plus prolifique et l'un des meilleurs "peintres" de la vie montenegrine. Ces courtes nouvelles "Uskok", basées sur des anecdotes, sont considérées comme les proses narratives les plus riches du Monténégro avant 1918. Au XXe siècle les opposants du roi Nicolas écrirent des textes satiriques remarquables tels "Djetici u parlamentu" et "Djetici van Parlamenta". Les racines de la critiques littéraire venaient de naître et avec elles les premiers journaux.

Des journaux, ainsi que de nombreux livres (250 par an), sont édités dans la République et sept stations radio ainsi que des studios de télévision tentent de divertir les Montenegrins. Ajoutons qu'il existe également une agence de presse, chose étonnante pour un si petit pays: Montena-Fax. Pas si étonnant finalement, compte tenu de l'actualité... Les jeunes Montenegrins sont très actifs sur la Toile et nombre de sites montenegrins de tous bords politiques et culturels existent depuis 1996-1997-1998. La plupart des sites montenegrins et des médias au Monténégro sont financés par le gouvernement ou par des subsides étrangers. C'est pour cela aussi que la plupart d'entre eux sont résolument indépendantites en opérant une sélection très partiale des informations. La plupart de ces médias ont aussi des sections histoire et culture très minces car, en ne retenant que les références qui ne contiennent pas le mot "serbe", finalement il ne reste plus grand-chose.

Et maintenant, pourrait-on conclure, le Monténégro possède son unique site et forum dans la langue de Voltaire: celui que vous êtes en train de lire...

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Tout l'art du Monténégro


Vieilles cartes postales du Monténégro

VILLES & CULTURE

- Podgorica (capitale)
- Cetinje (capitale historique)
- Budva (la plus ancienne ville de la côte: 2500 ans)
- City Theatre (la vieille ville de Budva est transformée en centre culturel pendant l'été)
- Kotor (site officiel)
- Kotor Historic Archives (Archives historiques de la ville, en anglais)
- Bar (la ville du port principal)
- Herceg-Novi (station balnéaire)
- Tivat (localité de l'unique aéroport sur la côte)
- Pljevlja
- Théâtre National

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