PODGORICA - Après le "coup" aux Conseil de Sécurité des Nations-Unies la semaine passée, après la visite en Croatie et les regrets exprimés pour Dubrovnik, après la volonté clairement affichée de ne pas appliquer la future loi anti-terroriste du gouvernement fédéral,... le président montenegrin s'explique une nouvelle fois sur la volonté du Monténégro a gérer ses propres affaires internationales.
L'édition de ce vendredi 30 juin 2000 de l'hebdomadaire politique belgradois NIN (Nedelnje Informativne Novine) publie une interview de Milo Djukanovic où le référendum et l'indépendance sont évoqués de plus en plus clairement.
Les autorités montenegrines ont jusqu'à aujourd'hui fait preuve de patience et de tact lorsqu'il s'agissait d'évoquer la question sensible de l'indépendance. Aujourd'hui, tous ces mouvements sur la scène politique internationale, qui manifestement font partie d'un plan bien étudié, viennent d'entrer dans une phase critique. Il faut lire entre les lignes...
"Nous ne souhaitons ni ne désirons plus participer formellement à cette farce qu'est la politique étrangère de la Yougoslavie. Nous avons aussi clairement indiqué au Conseil de Sécurité des Nations-Unies que l'état actuel des relations entre la Serbie et le Monténégro était propice à un nouveau conflit et on sait qui en sera le responsable. Nous avons aussi prévenu les capitales occidentales que dans très peu de temps la diplomatie yougoslave ne pourra en aucun cas représenter les intérêts d'un Monténégro comme s'il faisait partie de la fédération yougoslave. La diplomatie yougoslave se résume à un régime dont la politique a conduit à l'état actuel de la situation dans la région et qui va à l'encontre d'un Monténégro moderne et démocratique.
"La tenue d'élections au niveau fédéral, dans le cadre actuel de la fédération, conduirait à accentuer le chaos. Personne de l'autorité fédérale ne nous a encore informé de l'éventuelle tenue d'élections fédérales avant la fin de l'année. Quand nous serons officiellement informés, nous nous prononcerons sur cette initiative.
"La République Fédérale de Yougoslavie, depuis trois ans, ne fonctionne plus; tout comme ses institutions fédérales. Tout cela semble être à l'état de coma. Dans ce cadre-là, la participation à des élections serait naif et irresponsable et contribuerait à l'établissement d'une dictature, notamment via des élections truquées. La base des relations fédérales doit être revue sinon rien.
"Chaque jour qui passe, la tenue du référendum sur l'indépendance est de plus en plus une option politique réaliste. Il y a deux ans environ, le Monténégro a clairement évoqué cette possibilité en raison de l'état de la fédération. Depuis lors, rien n'a véritablement bougé et il est donc logique que le sentiment pro-yougoslave d'une partie de la population se soit amenuisé. Les sondages d'instituts indépendants de Belgrade et de Podgorica corroborent cet état de l'opinion publique. Il y a deux-trois ans, les supporters de l'indépendance prônée par le LSCG (Liberalni Savez Crne Gore - Union des Libéraux du Monténégro) représentaient entre 7 et 12% des électeurs. Les citoyens qui désirent l'indépendance représenteraient aujourd'hui 35-40%, sans compter les 20-25% de supporters du confédéralisme.
"Dit de manière courte et nette, je n'ai plus de contact avec le commandant Obradovic de la II Armée Yougoslave (en charge du Monténégro) ni avec le commandant Zec de la Marine depuis les raids de l'OTAN au printemps 1999. Je leur ai à cette époque clairement exposé la position des autorités montenegrines au sujet de l'armée, à savoir qu'elle doit être la garante de la sécurité de tous sans pour autant utiliser la force pour quelconques buts politiques ou dictatoriaux. Plus le temps passe, plus l'armée a eu tendance à s'en prendre à notre Etat, à sa démocratie et à ses habitants. C'est pourquoi il n'y a plus d'initiative de ma part pour discuter avec ces gens-là. Je dois vous rappeler que l'Armée a même détourné l'aide humanitaire qui nous était destinée en provenance de l'étranger, même celle qui était destinée aux hôpitaux et centres de soin".
Le texte intégral en serbe.