BELGRADE - Le Parlement montenegrin était en pleine discussion hier quand subitement, le coup de théâtre: les deux chambres fédérales (La Chambre Basse des Citoyens et la Chambre Haute des Républiques), situées à Belgrade, se réuniront aujourd'hui en session extraordinaire pour discuter le texte modifié de la nouvelle Constitution fédérale. Les modifications, sous forme d'amendements, ont été déposés par les différents partis pro-Milosevic: le Parti Socialiste de Slobodan Milosevic, la Gauche Unie de Mira Markovic, les Radicaux de Vojislav Seselj, le Parti Populaire Serbe et les Socialistes montenegrins qui ont pourtant niés avoir été impliqués dans cette opération.
On se souviendra que des rumeurs qui faisaient état d'un travail préparatif sur un nouveau texte constitutionnel avaient été démenties par les proches de la présidence yougoslave. Il semble que les rumeurs se sont avérées fondées.
Tanjug informe que le principal changement sera la procédure d'élection du président et des parlementaires de la fédération.
Actuellement, le Président est élu par le Parlement fédéral. Il devrait être élu au suffrage universel en lui permettant de briguer un troisième mandat; ce qui n'est pour l'instant pas permis par l'actuelle Constitution. Son mandat se termine en juillet 2001. Mais on chuchote que la nouvelle Constitution lui permettrait d'être président à vie!
Les parlemenaires de la Chambre Haute des Républiques seraient aussi élu au suffrage universel direct alors qu'actuellement ils sont élus par les instances fédérales. Ce type de scrutin réduit la représentation montenegrine à sa portion congrue puisqu'il y a 600.000 Montenegrins pour 10 millions de Serbes!
Ces assemblées fédérales ne sont plus reconnues par les autorités montenegrines qui refuseront donc d'y participer. D'où le danger d'une promulgation unilatérale qui contribuerait à agraver les relations déjà tourmentées entre les deux républiques. D'autant plus que le Monténégro a eu vent de cette nouvelle par voie de presse et non par communiqué officiel...
''C'est vraiment le dernier acte d'une destruction politique tragique'' a commenté le conseiller présidentiel monténégrin Miodrag Vukovic. ''Il ne reste plus au Monténégro qu'à se défendre lui-même, son Etat, ses structures démocratiques et son droit à un avenir''.
L'opposant serbe Zoran Djindjic a estimé que ''Milosevic essaie d'exclure le Monténégro des élections fédérales (...) La crise est très sérieuse et je ne veux même pas imaginer ce que les dirigeants du Monténégro vont faire maintenant''. L'autre opposant Vuk Draskovic a qualifié ce projet de ''forme de terrorisme d'Etat légal'' et d'''attaque contre la Constitution''.
Pour l'instant, toute cette agitation n'est basée que sur des bruits de couloir. Il faudra attendre le déroulement de la session pendant la journée pour se prononcer. Mais si la volonté du gouvernement de Belgrade est de ne plus vouloir du Monténégro au sein de la Fédération, il devra aussi complètement retirer l'Armée Yougoslave du territoire montenegrin puisque, de facto, la troisième Yougoslavie n'existera plus. Si l'Armée Yougoslave reste au Monténégro, la confrontation sera inévitable.
En créant de pareilles conditions pour forcer l'indépendance de la république, c'est aussi provoquer le conflit à l'intérieur du pays en excitant les Montenegrins pro-serbes qui représentent une part importante de la population.