BRUXELLES - L'identité montenegrine est une réalité et ne peut être niée. Mais ce qui choque un grand nombre de Montenegrins, c'est la négation de tout ce qui représente la culture serbe, voire une haine viscérale envers le peuple serbe.
Des théories révisionnistes parfois grotesques sont étayées sur certains sites tenus par des membres de la diaspora montenegrine en se présentant comme des sites d'histoire. Les discussions constructives sur le caractère serbe ou non de tel ou tel aspect culturel propre au Monténégro sont courantes entre des Montenegrins revendiquant leur serbitude et les Montenegrins revendiquant leur identité forgée à travers les siècles. Mais il y a aussi de nombreux clashs intellectuels où à la fin les gens s'ignorent et s'accusent mutuellement de révisionnisme. Le débat est vaste.
Ce qui est inacceptable pourtant, c'est que tout un pan de l'histoire montenegrine, notamment celui de la dynastie des Petrovic et tout particulièrement les époques de Njegos et du roi Nicolas I, soit systématiquement ignorée, révisée, détruite par des nationalistes qui veulent faire de l'identité montenegrine une conception nationaliste pure qui nie la culture serbe pourtant intégrante de l'histoire du Monténégro. Une certaine violence dialectique envers les Serbes du Monténégro est souvent prônée. Les théories les plus virulentes sont surtout prononcées par des Croates ou des Musulmans qui habitent ou sont originaires du Monténégro.
Dans cette bataille pour la vérité, où les historiens montenegrins et serbes ne sont pas exempts de défauts, les Serbes font parfois preuve de laisser-aller. Par exemple, lors des années 1990, les Serbes étaient tellement convaincus que l'Occident reconnaîtra qu'ils étaient dans leur bon droit, ils n'ont pas trouvé les moyens de contrer les machines de propagande croate, musulmane et albanaise qui se sont emparées de l'opinion publique occidentale. Le résultat est connu, le Kosovo est virtuellement perdu et le peuple serbe est éclaté dans plusieurs pays alors que les Slovènes, les Croates, les Bosniaques et les Macédoniens ont constitué leurs États.
À l'heure d'Internet, très peu de sites serbes dans les langues des pays décideurs de l'ordre mondial ont vu le jour, alors que des sites anti-serbes ont littéralement débordé du réseau des réseaux.
En ce qui concerne le Monténégro, c'est la même rengaine: 90% des sites Internet consacré au Monténégro sont le fait des défenseurs d'un Monténégro indépendant ou la serbitude est mise à mal. Et pourtant, si l'on devait reporter ses théories sur l'actuel paysage politique au Monténégro, elles représentent moins de 10% des suffrages. Il y a encore deux ou trois ans, lorsque l'on tapait "montenegro" dans un moteur de recherche, seule la voix de cette minorité était visible sur le Net.
Mais les spécialistes, les historiens et les responsables des contenus sur Internet ne sont pas dupes et les leçons du passé ont été retenues. De plus en plus de sites dits "anti-serbes" ne sont même plus répertoriés dans les sélections opérées par les rédacteurs des moteurs de recherche.
Indépendamment d'une quelconque prise de position ou d'une quelconque opération de publicité à son égard, il n'y a qu'un seul grand site (Serb Land of Monténégro) qui répertorie les aspects de la culture serbe au Monténégro et il est souvent le seul site historique à être répertorié sur Yahoo, Altavista, Open Directory ou CNN comme on peut le voir sur la capture d'écran ci-dessous.