MONTÉNÉGRO & SERBIE - "La fédération entre le Monténégro et la Serbie, dans sa forme actuelle, n'a aucun avenir. Il ne s'agit pas d'un différend entre individus ou entre des établissements politiques des autorités politiques des deux républiques, c'est quelque chose de bien plus profond qui ne sera pas résolu par le départ de Slobodan Milosevic" estime Frantisek Sistek, le président de l'Amicale des Montenegrins de Prague, dans les colonnes du quotidien Pobjeda.
"L'opposition serbe affiche régulièrement la même position vis-à-vis du Monténégro que le régime de Belgrade. Et même certains représentants de l'opposition nient l'existence de la nation montenegrine. L'arrivée éventuelle de l'opposition serbe au pouvoir ne changera donc rien dans les relations entre le Monténégro et la Serbie. L'élite politique serbe ne peut permettre que le Monténégro gère la moitié des ressources et du pouvoir politique". Sistek conclut qu'au regard des énormes différences entre les deux républiques, le maintien de la Fédération est impossible.
Zoran Djindjic, l'un des chefs de file de l'opposition serbe, a clairement affirmé que l'opposition serbe ne soutiendra que les partis ou les hommes qui ne sont pas liés au DPS (Demokratska Partija Socialista - Parti Démocratique des Socialistes) de Milo Djukanovic ou au SNP (Socialisticka Narodna Partija - Parti Socialiste Populaire - pro-Milosevic). Nous appelons les Montenegrins à participer aux élections et à voter pour une union démocratique entre la Serbie et le Monténégro. Il ne reste plus grand monde alors!
Vojislav Kostunica a annoncé, lors d'un de ces communiqués réguliers, que le DPS, en boycottant les élections, "vote une fois de plus pour Slobodan Milosevic" et considère que "ce que l'on essaye de nous faire croire comme "démocratique" au Monténégro ne l'est en fait pas puisque la coalition au pouvoir ne veut pas le prouver en participant aux élections. Le DPS et le Monténégro ne doivent pas êtres montrés en exemples à la Serbie et à ses forces politiques".
Radovan Radonjic, professeur à la Faculté de Droit de Podgorica, fait la même constatation que Frantisek Sistek: "Les dernières déclarations de Vojislav Kostunica (le candidat de l'opposition serbe à l'élection présidentielle) et de certains autres politiciens serbes montrent bien qu'ils ont des positions bien plus dures envers le Monténégro que ne l'a le régime de Belgrade".
Novak Kilibarda, ancien président du NS (Narodna Stranka - Parti Populaire - parti serbe modéré qui s'oppose aux volontés d'hégémonie de la Serbie) et actuellement chef de la diplomatie montenegrine à Sarajevo, affirme que "la prétendue indignation de l'opposition serbe suite au putsch constitutionnel de juin n'était que de la rhétorique politique calculée pour engranger quelques points sur la scène démocratique internationale. Kostunica préfère de loin se battre pour ramener le Monténégro dans le giron de Belgrade que pour renverser Milosevic".