DJUKANOVIC ASSIS À CÔTÉ DE KOSTUNICA À LA CONFÉRENCE DE ZAGREB

27.11.2000

ZAGREB - L'optimisme a presque dominé au début du sommet de Zagreb, où étaient réunis les dirigeants de l'Union Européenne, des pays de l'ex-Yougoslavie (Slovénie, Croatie, République Fédérale de Yougoslavie, Bosnie et Macédoine) ainsi que de l'Albanie.

La déclaration finale insiste sur la nécessité d'une coopération régionale entre ces pays qui peuvent maintenant nouer des relations nouvelles, bénéfiques à chacun d'entre eux, pour la stabilité de la région, la paix et la stabilité sur le continent européen. L'Union Européenne conditionne son soutien à l'affirmation de la démocratie dans la région mais également à la mise en oeuvre de conventions de coopération régionales permettant l'établissement d'un dialogue politique, l'instauration d'une zone de libre-échange dans les Balkans ainsi que le développement de la coopération entre les cinq pays dans le domaine de la justice et de la lutte contre le crime organisé. Mais la collaboration avec le Tribunal international de La Haye sur les crimes de guerre commis dans l'ex-Yougoslavie est jugée comme un préalable à la normalisation des relations.

"Il faut s'en souvenir, les crimes qui ont été commis l'ont été par des régimes d'un autre âge" a déclaré Jacques Chirac. "C'est pourquoi, il est de l'intérêt de tous que ces crimes soient jugés et punis". Bernard Kouchner s'est fendu d'une analyse imbécile sur les récents événements au Kosovo en affirmant: "Le conflit au Kosovo n'est pas fini. Il y a un "mur du sang" entre Serbes et Albanais" alors que tous les récents événements au Kosovo (attentat contre la représentation serbe au Kosovo, assassinat d'un proche de Rugova et actions terroristes dans le Sud de la Serbie) sont imputables au PDK d'Hashim Tashi et de ses commandos non désarmés et toujours actifs.

Comme son prédécesseur, le président yougoslave Vojislav Kostunica entend en effet maintenir le Kosovo au sein de la Serbie tandis que les Albanais revendiquent leur indépendance. Pour Bernard Kouchner, il faut que les deux parties se réunissent pour tenter de trouver un accord dans le cadre de la résolution 1244 de l'ONU, qui prévoit une autonomie substantielle du Kosovo au sein de la Serbie. En attendant, il a exhorté Vojislav Kostunica à renoncer à étendre au Kosovo les élections législatives prévues pour le 23 décembre en Serbie, proposant d'organiser un scrutin législatif dans le seul Kosovo au début de l'année 2001. Belgrade est opposée à ce scrutin mais, pour Bernard Kouchner, il s'agit d'un rendez-vous essentiel pour préparer le statut d'autonomie de la province.

D'autre part, on a beaucoup ergoté au Monténégro quant à savoir si Djukanovic pourrait participer à ce sommet en tant que Président d'une République quasi indépendante ou comme le sous-président d'une fédération dont le chef est Vojislav Kostunica. Les deux "camps" ne sont parvenus à un accord que quelques heures avant le sommet. Le Président Djukanovic a été considéré comme invité spécial et sa délégation ne portait pas de badge aux couleurs d'un pays. Mais en zappant sur de nombreuses chaînes de télévision, on a pu voir Djukanovic assis à côté de Kostunica derrière le fanion yougoslave... Il a toutefois pu s'exprimer au même titre qu'un chef de délégation.

Djukanovic a fait passer à l'échelon supérieur son ambition d'un Monténégro indépendant en annonçant à l'Europe le référendum sur l'autodétermination pour le premier semestre 2001. Le Président venait expliquer aux dirigeants européens qu'ils devaient se résoudre à un ultime éclatement de la Fédération yougoslave, qui n'est plus composée aujourd'hui que de la Serbie et du Monténégro: "Devons-nous continuer avec ce faux-semblant d'un seul pays, même réduit à quelques fonctions et discrédité par les abus de la dictature, ou la réalité doit-elle prévaloir avec la restauration des Etats de Serbie et du Monténégro."

Le gouvernement prépare la loi nécessaire à l'organisation de cette consultation. Il veut aussi que la Serbie et le Monténégro forment à l'avenir une union d'États internationalement reconnus mais la tâche n'est pas aussi simple comme les médias occidentaux le présentent. Le parti serbe modéré NS (Narodna Stranka - Parti Populaire), qui fait partie de la coalition avec le DPS et le SDP, émet plusieurs objections quant aux tenants et aboutissants de ce référendum. Ce week-end encore, le NS a tenu un congrès dans la ville de Berane, où les Monténégrins de culture serbe sont fortement majoritaires, et où il sont rappelé que l'union des peuples serbes étaient primordiales. Mais le DPS et le SDP savent qu'ils peuvent très bien se passer du NS puisque les autres petits partis au Parlement, favorables à l'indépendance, apporteront les voix nécessaires à la promulgation.

Selon Djukanovic, Serbes et Montenegrins disposent de deux options. Dans le cas d'un accord avec les autorités serbes sur une redéfinition des relations entre les deux Républiques, celui-ci devrait être approuvé par deux consultations simultanées, en Serbie et au Monténégro. S'il n'y avait pas d'accord, Djukanovic a indiqué qu'il serait amené à consulter le seul peuple montenegrin sur l'indépendance.

Depuis son accession au pouvoir début octobre, le Président yougoslave Vojislav Kostunica a fait savoir à plusieurs reprises qu'il respecterait le verdict d'un éventuel référendum d'indépendance du Monténégro. "Aussi bien Vojislav Kostunica que moi, nous pensons que la situation actuelle est intenable" a indiqué le Président montenegrin, ajoutant que les deux dirigeants étaient d'accord sur la nécessité d'un dialogue sur leurs relations. "Bien évidemment, Kostunica pense beaucoup plus que moi qu'un certain niveau de synthèse est possible. Je suis sceptique à ce sujet", a-t-il précisé.

Dans son discours prononcé devant les dirigeants européens, le Président yougoslave a évoqué l'avenir des relations fédérales entre la Serbie et le Monténégro et s'est prononcé "en faveur du changement des institutions fédérales et de la Constitution fédérale". Mais il s'est cependant opposé à des négociations par les gouvernements serbe et montenegrin sans une "participation du parlement fédéral et des parlements des unités fédérales". Ce qui est inacceptable pour les Montenegrins qui ne reconnaissent pas la Fédération puisque le Monténégro y est peu ou prou représenté et qu'il ne bénéficie même pas d'un traitement d'égal à égal avec la Serbie. (avec Reuters et AFP)

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